top of page

Dessiner à l'envers, tout un art


Ce dessin est un mixte composé d'encre(s). L'une est appliqué et l'autre est artistique.
2024 - l'origine - (50x40 cm)

"Ce cheminement est intéressant et original : le dessin est souvent la base, le démarrage dans la recherche artistique. Tout peintre ou tout graveur commence par maîtriser le dessin avant de passer au pinceau ou au burin.Eric Dabancourt a fait le chemin inverse et son travail en porte la trace : il dessine aujourd’hui “dans” le papier comme on grave dans le métal. Et il a également gardé de l’univers de la gravure un côté artisanal affiché : Je travaille avec une encre de Chine vraiment noire, une encre fabriquée à partir de charbon de bois”. Avec cette encre, il va couvrir généreusement sa feuille (avec des outils qu’il aime à fabriquer), s’inspirant de la technique de la linogravure : bien souvent, le graveur passe un rouleau de peinture sur son linoleum avant de le creuser avec une gouge. Cela rend le dessin visible au fur et à mesure des traits creusés dans la surface peinte. Cette technique (gravure en réserve) n’est a priori pas applicable au dessin, mais Eric Dabancourt estime qu’on peut y arriver: il choisit un papier particulièrement épais (380 grammes), trouve ou fabrique l’outil adapté et creuse dans l’encre pour en tirer les blancs.D’où ces traits de blancs qui donnent l’apparence d’avoir été dessinés et qui sont en fait issus d’entailles faites dans l’encre noire… sur une simple feuille de papier.D’où aussi l’attirance qu’on peut avoir devant ses œuvres qui jouent sur différents entre-deux: entre abstrait et figuratif, entre imaginaire et paysage réel, entre gravure et dessin, entre un dessin noir sur fond blanc ou l’inverse….

Dans l’âge de la pierre, une petite ligne de vie apparaît dans le dessin. Une petite ligne… dessinée, grattée, une ligne qui semble émerger du noir tout en lui étant antérieure. Difficile de fixer les choses, alors même que l’œuvre est d’une extrême précision.

Finalement, je pratique la même méthode que la manière noire, mais je n’utilise pas une Agathe, mais un scalpel pour travailler dans le papier. En fait, j’ai détourné les outils de gravure pour pouvoir les utiliser sur le papier. Les traits de scalpel qui permettent de gratter et d’obtenir du blanc se voient”. A première vue, ils ressemblent même à des traits de crayon. Sans oublier que parfois l’artiste rajoute des traits de plume dans les zones blanches dégagées par le scalpel. Du dessin dans des traits creusés dans l’encre. On y perd son latin.“Je crée mes outils, mais je peux aussi prendre pour outil un bâton de bois trouvé en promenade”, précise l’artiste, qui tient tout de même à ce que la technique ne prenne pas le dessus sur la volonté plastique.Car le but de l’artiste est bien de trouver le medium qui lui permet de représenter ce qu’il souhaite. Il y a un point commun entre toutes mes œuvres, dessin ou gravure, précise Eric Dabancourt: la nature, de près ou de loin. Le minéral, le végétal, ce qui permet une vibration de la matière, de la lumière. Le côté minéral est venu de balades dans le Sidobre. On a fait un tour dans le “Chaos” et cela m’a inspiré”. La technique est donc complexe, mais reste au service de choses très simples, inspirées de paysages que l’artiste a sous les yeux dans son quotidien. Il s’est immergé dans des paysages, les a découverts, appréciés et a voulu retranscrire sur le papier ce qu’il a ressenti sur le terrain. Et pour cela, il a simplement adapté les outils et les techniques qu’il connaissait.Une autre manière de décrire ce travail. Encore une fois entre une vraie complexité et une grande simplicité. Un nouvel entre-deux."


Anne Devailly / Les 30 artistes d'Occitanie en 2024

 
 
 

Comments


Contactez-moi

Merci pour votre envoi !

bottom of page